Un peu d’histoire …
Le Havre du Trait-Carré, connu jusqu’en novembre 2014 sous le nom de La Voisinière du Trait-Carré, a une vocation de résidence pour personnes aînées depuis plus de 20 ans. Toutefois, le Havre du Trait-Carré inclut aujourd’hui une maison ancestrale annexée au bâtiment principal de facture plus contemporaine. Cette particularité lui donne un caractère unique et appelle de ce fait une considération pour notre histoire, celle de nos prédécesseurs.
La maison Barthélémi-Bédard
La résidence située au 6952, 1ère Avenue à Québec, dans l’arrondissement de Charlesbourg, porte le nom de la résidence Barthélémi-Bédard en l’honneur de ses constructeurs et propriétaires pendant quatre générations : « La maison a toujours été habitée par la famille Bédard. Son propriétaire constructeur, Barthélémi Bédard, l’a transmise à son fils Arthur-Rémi Bédard qui l’a à son tour léguée à son fils Armand. Aujourd’hui, c’est le petit-fils d’Armand, Vincent Lizotte, qui en est le propriétaire. Les Bédard sont l’une des familles-souches les plus importantes de Charlesbourg. »[1]
Cette résidence est une ancienne maison de ferme du secteur autrefois appelé l’Auvergne. Construite à la toute fin du XIXe siècle, la maison traditionnelle québécoise a connu certaines transformations mais possède encore son implantation orientée vers le sud, typique de l’architecture vernaculaire.
Le terrain sur lequel est située la maison Barthélémi-Bédard, faisait partie de la seigneurie Notre-Dame-des-Anges. Celle-ci est concédée en 1626 aux Jésuites. En 1665, ces derniers fondent le village de Charlesbourg et l’année suivante, la commune voisine de l’Auvergne, rappelant par son nom l’origine géographique des premiers colons français arrivés sur le site.
La maison Barthélémi-Bédard aurait été construite vers 1895. Il s’agit d’une maison modeste et traditionnelle, d’inspiration néoclassique. Ce modèle d’architecture vernaculaire, communément appelée maison traditionnelle québécoise, est le type dominant dans les villages et les secteurs ruraux québécois pendant une grande partie du XIXe siècle. Cette architecture est une synthèse de différentes pratiques culturelles françaises et britanniques.
Les Bédard
Au milieu des années 1890, si Éléonore Normandeau demeure propriétaire des lieux, les terres sont cultivées par Barthélémi-Bédard (1844-1923). Originellement charretier à Saint-Roch, il échange de profession avec son frère Charles, cultivateur à Charlesbourg. Soucieux de trouver une terre et une maison pour son jeune fils Arthur-Rémi (1878-1950), il occupe la terre d’Éléonore Normandeau. Cependant, la maison sise sur le terrain est en mauvais état et elle doit être détruite. Une nouvelle habitation est érigée en 1895 (voir figure 6 de l’ouvrage). Trois ans plus tard, en 1898, Barthélémi se porte acquéreur de la terre d’Éléonore Normandeau. La vente comprend la terre d’environ 4 hectares et une grange. La nouvelle maison est exclue de la vente, car sans doute construite avec l’argent de Barthélémi Bédard. En 1902, Barthélémi cède la maison, la grange et le terrain à son fils Arthur-Rémi.
L’immeuble La Voisinière
Dès 1985, une demande de M. Ernest Bédard, propriétaire de la maison située au 6888, 1ère Avenue, est acheminée à la Ville de Charlesbourg pour faire retirer sa maison ainsi que celle située au 6950-6952 (la maison Barthélémi-Bédard), 1ère Avenue, de la liste des bâtiments d’intérêt patrimonial. Cette liste, constituée à partir d’un inventaire monumental réalisé par le ministère des Affaires culturelles en 1969, recense les bâtiments anciens sur le territoire de Charlesbourg. Il est probable que M. Bédard avait un projet de développement ou de vente pour son terrain et celui de son voisin. Suite à cette demande, la Ville de Charlesbourg décide de maintenir les bâtiments situés au 6888 et au 6950-6952 dans la liste des bâtiments d’intérêt patrimonial.
En 1993, le nouveau propriétaire du terrain revient à la charge en demandant à nouveau l’exclusion du bâtiment d’intérêt patrimonial situé au 6888, 1ère Avenue, afin de permettre sa démolition et de construire une résidence de personnes retraitées. La Ville de Charlesbourg accepte cette fois de retirer cette maison de la liste des bâtiments d’intérêt patrimonial. Toutefois, afin de préserver l’intégrité de la propriété située au nord (le 6950-6952), il est mentionné qu’aucune dérogation ne devrait être accordée à l’effet de diminuer la largeur de la marge latérale nord. Le 27 octobre 1993, une dérogation mineure est accordée compte tenu que le requérant a démontré qu’il ne nuisait pas au dégagement du bâtiment patrimonial et que l’implantation de celui-ci permettrait de préserver la façade du 6950-6952. C’est ainsi que la maison sise au 6888 est démolie en 1994 et que la nouvelle résidence de 27 unités pour personnes retraitées est construite. (voir figure 24 de l’ouvrage)
En 2008, la résidence de 27 unités, connue sous le nom de La Voisinière du Trait-Carré, est agrandie pour répondre aux besoins en matière de résidences pour personnes âgées. C’est ainsi que La Voisinière du Trait-Carré passe de 27 unités à 69 unités. De plus, lors de cette construction, il est décidé d’intégrer la Maison Barthélémi-Bédard au bâtiment principal de La Voisinière du Trait-Carré. C’est dans ce contexte que M. Jacques Chiasson, alors propriétaire en 2009, a reçu une mention du comité responsable du projet Reconnaissance-Patrimoine de la Société historique de Charlesbourg.[2]
Le Havre du Trait-Carré
En 2013, M. Jacques Chiasson décide de vendre la résidence qu’il détient à un groupe d’hommes d’affaires. C’est ainsi que La Voisinière du Trait Carré est devenu Le Havre du Trait-Carré en novembre 2014 avec une mission centrée sur une clientèle autonome et semi-autonome, atteinte de troubles cognitifs légers, modérés ou sévères, incluant le diagnostic de la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée. Dans le but d’assurer la conformité du bâtiment aux normes actuelles et afin de créer un environnement sécuritaire et davantage adapté aux besoins de la clientèle, des travaux majeurs de l’ordre de 1 million de dollars ont été réalisés en 2016. Le Havre du Trait-Carré dispose aujourd’hui de 69 appartements et compte sur l’engagement et le dévouement de près de 50 employés qui offrent les soins et les services essentiels au bien-être des résidents.
[1] Ville de Québec, Service de l’aménagement du territoire / Division du design de l’architecture et du patrimoine. Résidence Barthélémi-Bédard, 6952, 1ère Avenue, Québec (arrondissement de Charlesbourg), Évaluation patrimoniale, décembre 2005, p. 19.
[2] Le Charlesbourgeois, bulletin de la Société historique de Charlesbourg. Bulletin no 102, été 2009, p. 18.
Plusieurs éléments à caractère historique et rapportés dans la présente section ont .été puisés dans un document préparé par le Service de l’aménagement du territoire de la Ville de Québec, produit en décembre 2005 et intitulé : Résidence Barthélémi-Bédard, 6952, 1ère Avenue, Québec (arrondissement de Charlesbourg).
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